Newsletter 05-2024

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COUPE DE L'AMERICA

Samuel Napoleoni : "La construction de l'AC75 a été un catalyseur de compétences"

La construction de l’AC75 du défi français Orient Express Racing Team s’est achevée fin mars chez Multiplast, après dix mois de travaux intenses. Comment le chantier a-t-il mené à bien ce projet d'envergure ? Quels ont été les challenges majeurs à relever ? Réponses avec Samuel Napoleoni, responsable du projet Coupe chez Multiplast.

 

 

 

 

 

 

La coque de l’AC75 français a-t-elle été livrée dans les temps ?

Oui, nous avons même livré le bateau avec une semaine d’avance ! Dans le détail, nous avons reçu les plans de forme de coque avec le bon pour exécution le 11 mai 2023, et la fin des travaux composites s’est faite le 22 mars 2023. Le planning était très ambitieux : il fallait caser 46 000 heures de travail en dix mois. À titre de comparaison, pour un Imoca, il faut plutôt compter 36 000 heures étalées sur 14 mois (moules compris dans les deux cas). Il fallait donc prévoir plus d’heures en moins de temps. On y croyait, mais on savait qu’il ne fallait pas mollir. Finalement, le défi a été relevé, grâce au fort engagement des équipes qui ont été très sollicitées. Chacun a compris l’enjeu et une belle émulation s’est créée. Tout s’est bien passé du début à la fin. Il y a forcément eu des petits aléas de construction, mais tout le monde a parfaitement joué sa partition.

 

Combien de personnes ont été mobilisées au pic de la construction ?

Jusqu’à 55 personnes ont travaillé en parallèle dans l’atelier. Au niveau du bureau d’études, il y a eu jusqu’à dix personnes impliquées en même temps, ce qui est totalement inédit ! Le pic d’une construction d’un Imoca mobilise au maximum cinq personnes au BE

 

Comment s’est passée la collaboration avec les équipes d’Orient Express Racing Team, qui était installées sur place ?

Très bien. Les équipes du défi français, encadrées par Antoine Carraz, étaient là tous les jours, elles ont suivi absolument chaque étape de la construction. Tout a été fluide et transparent. Nous avons travaillé à livre ouvert, au sens propre comme au figuré, et partagé toutes les décisions. Les équipes de Multiplast et d’Orient Express Racing Team étaient vraiment fusionnées. Ce travail en bonne intelligence a grandement facilité les choses et permis de tenir les délais.

Quels ont été les principaux défis à relever durant la construction ?

L’enjeu principal a été le planning. Au début, quand on voit sur la feuille de route 50 personnes en parallèle dans l’atelier et 10 dans le BE, cela peut paraître impressionnant. Il fallait bien tout coordonner et communiquer pour faire travailler tout le monde de la manière la plus efficace possible, sans perdre de temps. Mais le fait d'agréger autant de personnes sur un même projet permet de faire progresser tous les acteurs, les plus expérimentés comme les plus jeunes. Cette construction a été un catalyseur de compétences. L’autre grand défi a été technique avec l’utilisation de matériaux très high tech, comme le nid d’abeille en aluminium, forcément plus compliqué à mettre en œuvre que le Nomex utilisé sur nos autres bateaux de compétition. Heureusement, notre expérience de pièces aéronautiques utilisant ce matériel nous a bien facilité les choses.

 
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© polaRYSE

 

EN BREF

 

  • COURSE AU LARGE. L’édition 2024 de The Transat CIC restera comme un cru historique pour Multiplast, puisque le chantier a construit les Imoca du vainqueur, Yoann Richomme (Paprec Arkéa), arrivé lundi 6 mai à 20h23 après une traversée express de 8 jours 6 heures 53 minutes et 32 secondes, du deuxième, Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer), qui a coupé la ligne 2 heures et 20 minutes plus tard, mais également la coque et le pont de V and B-Monbana-Mayenne (Maxime Sorel), qui a pris une bonne cinquième place. Au classement officieux des bateaux à dérives, Lazare (Tanguy Le Turquais), également construit par Multiplast (ex DCNS), était en passe de l'emporter au moment où nous bouclions ce numéro. Toutes les équipes sont heureuses de ces performances particulièrement prometteuses en vue du Vendée Globe 2024. D’ici là, la flotte des Imoca s’élance le 29 mai pour une nouvelle transat en solitaire, la New York Vendée-Les Sables.
  • IMOCA. Le départ du Vendée Globe 2024 sera donné le 10 novembre prochain, mais le suivant se prépare déjà, puisque Multiplast a déjà reçu une réservation de chantier pour un nouvel Imoca, dont la construction débutera à l’automne. Deux autres "building slots" sont disponibles pour des livraisons début 2026.
  • PROTOTYPE. Jack Setton a commandé à Multiplast un fast power craft de 60 pieds, dessiné par le cabinet Mauric. Ce bateau est le sixième bateau réalisé par le chantier pour ce fidèle client. Si la coque a été fabriquée en Grande-Bretagne, l’assemblage, les structures, les aménagements et les systèmes sont réalisés à Vannes.
  • AÉROSPATIAL. Multiplast a été chargé par Thales de la modification de deux simulateurs de vol d’hélicoptère construits par le chantier dans les années 2000. L’objectif est de les améliorer au regard de l'évolution des projecteurs d’images. Le montage, à Lucerne, en Suisse, monopolise pendant deux mois une équipe de quatre personnes. Les livraisons auront lieu en juin et octobre.

 

  • TRANSPORT MARITIME DÉCARBONÉ. Multiplast vient de réaliser pour les Chantiers de l’Atlantique un second tronçon de mât de 40 mètres. Ces éléments, une fois assemblés aux autres pièces livrées par le consortium (SMM, Avel Robotics, CDK et Lorima), équiperont les luxueux paquebots à voile Silenseas pour le compte d’Orient Express, marque du groupe Accor. Les équipes sont par ailleurs chargées de la construction de toutes les voiles rigides en composites du projet SolidSail (1 000 m² par GV, répartis sur 11 panneaux dont les plus grands mesurent 22 mètres de largeur pour 6 de hauteur).

  • AÉROSPATIAL. Multiplast livrera en fin d’année la cinquième coiffe d’un lanceur de satellites pour le compte d’un acteur du spatial européen.

  • COURSE AU LARGE. Idec Sport, le légendaire trimaran triple vainqueur de la Route du Rhum (2010 avec Franck Cammas, 2014 avec Loïck Peyron, 2018 avec Francis Joyon), fait actuellement l’objet d’un refit complet sur le site de Multiplast (où il a été construit en 2006) de la part des équipes de The Famous Project. Alexia Barrier, à la tête de ce projet, envisage de s’attaquer fin 2025 avec un équipage 100% féminin au Trophée Jules Verne sur ce bateau qui sera remis à l’eau le 31 mai.

  • AÉROSPATIAL. Multiplast vient de terminer cinq “bellmouths” (pièces d’entrée d’air de réacteurs d’avions pour tests sur bancs d’essais), pour le compte de la société Safran Aero Boosters, filiale de Safran.


 

 

 

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© Wilmotte & Associés

 

INDUSTRIE

Un nouveau dôme pour Multiplast

Multiplast a été retenu pour réaliser le dôme d’un planétarium sur la commune de Valberg (Alpes-Maritimes). Responsable du projet, Louis Vaquier en précise les détails.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce projet ?

Nous avons répondu à un marché public pour une Maison départementale de l’environnement et de l’observation qui comprend la création d’un planétarium d’observation, dans le cadre d’un projet porté par le département des Alpes-Maritimes et l'intercommunalité de Valberg. Nous avons été retenus en décembre 2022 pour réaliser la coiffe de l’ouvrage, nous travaillons sur ce projet avec les mêmes architectes que ceux avec lesquels nous avions déjà collaboré sur les dômes de la cathédrale orthodoxe de Paris, à savoir le cabinet Wilmotte & Associés. C’est le même type d’ouvrage, construit avec 16 pétales assemblés entre eux, mais sur des dimensions plus importantes que pour la cathédrale, puisque ce sont des pétales de 12 mètres par 4, pour un diamètre d’un peu moins de 20 mètres et une hauteur de 10 mètres.

Où en êtes-vous de la fabrication ?

Aujourd’hui, les outillages sont bien avancés et nous commencerons réellement la production des pièces en juin. Un des volets importants de ce dossier est l’aspect réglementaire, dans le sens où on n’est pas dans du normatif bâtiment, où des règles de l’art définissent chaque type d’ouvrage. Sur ce projet, comme on est sur quelque chose de non normé, on doit instruire ce qu’on appelle une Atex, c’est-à-dire une appréciation technique d’expérimentation, auprès du Centre scientifique et technique du bâtiment. C’est une sorte de permis de construire +++, si je devais simplifier. Au niveau des matériaux, nous utilisons du polyester/verre, avec un matériau d'âme en mousse PET recyclé. Nous sommes quatre actuellement au bureau d’études sur le dossier. Personnellement je me concentre sur l’aspect administratif du marché public, c’est assez chronophage, mais je viens du monde de l’immobilier et du BTP, ce sont donc des sujets que j’avais déjà eus à traiter. Pour la construction des pièces, cinq opérateurs seront à plein temps afin d'être prêts pour une pose de l’ouvrage prévue en avril-mai 2025.

Y a-t-il des contraintes particulières liées à la spécificité de cet ouvrage ?

Oui, la première, c’est qu’on transportera les pièces par hélicoptère, car au niveau de leurs dimensions, elles ne passent pas les derniers tunnels menant au site ! Nous avons forcément aussi des contraintes climatiques car le site est à 1 600 mètres d’altitude, ce qui engendre des cas de charge de neige assez conséquents. Nous avons donc dû dimensionner le composite en fonction de cette contrainte. Plus généralement, entre les mondes du composite et celui du bâtiment, nous ne sommes pas sur les mêmes tolérances de forme : dans le premier, nous avons besoin d’être dans des tolérances de l’ordre du millimètre alors que le centimètre est plus commun dans le bâtiment. Donc il faut faire coïncider ces deux mondes et être bien précis avec le gros œuvre sur lequel on s’appuie pour être sûr que l’assemblage se passe bien quand nous poserons nos pétales.

 

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© James Tomlinson / RORC

MONOTYPIE

Débuts prometteurs pour le Sun Fast 30 One Design

Après une campagne d’essais menée au second semestre 2023, le Sun Fast 30 One Design, monotype signé VPLP Design dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à Multiplast, est entré depuis le printemps dans une nouvelle phase. Les premiers exemplaires ont en effet été livrés à leurs propriétaires et naviguent, en Angleterre et en France. La nouvelle Class C30 a identifié deux rendez-vous majeurs cette année, la Drheam-Cup, en juillet, et le Championnat du monde de course au large double mixte, en septembre, à Lorient.

D’ici la fin de l’année, une quarantaine de Sun Fast 30 One Design seront sortis de chantier, construits sur le site Jeanneau de Cheviré. Ils sont à ce jour une dizaine à naviguer, notamment en Grande-Bretagne où les quatre bateaux loués par la société Cap Regatta ont été choisis comme supports des sélections organisées fin mars à Cowes dans le cadre du Griffin Project.

Ce projet, qui a fait l’objet de 300 candidatures, a pour objectif de former des jeunes à la navigation hauturière, ce qui, selon Louis Vaquier, secrétaire général de la Class C30 (labellisée cette année par la Fédération française de voile) et responsable du programme Sun Fast 30 OD chez Multiplast, “correspond vraiment à l’ADN du bateau”. 20 jeunes de 18 à 30 ans ont ainsi été choisis à l’issue des sélections pour former The Griffin Squad qui va s’aligner à bord de deux Sun Fast 30 OD sur plusieurs épreuves de la saison 2024 du Championnat du RORC. Les 20 heureux élus ont eu le droit début avril à un premier week-end d’entraînement au cours duquel ils ont notamment été encadrés par quelques stars de la voile britannique comme Dee Caffari, Ian Walker et Shirley Robertson !

En charge, avec sa société FourthCape, d’organiser les sélections et les entraînements pour le compte du RORC, Charles Darbyshire a pu se faire une première idée du potentiel du monotype : “Les jeunes ont navigué dans 30 nœuds au près, les bateaux se sont bien comportés dans une mer assez formée. Et au portant, leur grande surface de voile et leur déplacement léger ont permis d’atteindre des vitesses élevées, le record sur les six jours a été de 18,1 nœuds.”

De l’autre côté du « Channel », plusieurs SF30 OD ont également commencé à naviguer, notamment du côté de Lorient. Président de la Class C30, Jean Passini a ainsi fait l’acquisition d’un des premiers modèles, en copropriété avec Dominique Dubeau - le duo a terminé deuxième de la dernière Transquadra. “Nous avons réfléchi à ce projet pendant notre Transquadra, on voulait changer de bateau et on était extrêmement tentés par l'aventure de la monotypie, un univers que je ne connaissais pas, parce que je suis issu de l’IRC. Le côté sobriété du bateau nous a aussi plu.

Les premières sensations ? “Le bateau est vraiment prometteur. Il est très léger, plutôt nerveux, à l’aise au portant et au reaching grâce à ses formes généreuses, c’est un support amusant qui pourrait par exemple séduire des marins issus de la Classe Mini.” L’objectif de la classe est à partir de 2025 de proposer aux propriétaires et éventuels marins tentés par une location – Cap Regatta met à disposition trois flottes à Cowes, Lorient et Marseille – un circuit de courses avec des classements spécifiques pour les SF30 OD. Ce sera d’ailleurs déjà le cas en juillet sur la cinquième édition de la Drheam-Cup (Cherbourg-La Trinité-sur-Mer) où une dizaine de monotypes sont attendus.

Ce sera le vrai premier rendez-vous de la classe, explique Louis Vaquier, typiquement le genre d’épreuve pour lequel le bateau a été développé. On veut montrer que le pari de la monotypie est en passe d’être remporté et que le Sun Fast 30 OD est performant.” Le second grand rendez-vous de la saison sera, en septembre, le Championnat du monde de course au large double mixte à Lorient, World Sailing ayant choisi le Sun Fast 30 OD pour en être le support pour trois ans. Vingt duos y participeront, ce qui fait dire à Louis Vaquier : “Ce sera une très belle vitrine pour le développement du bateau à l’international.” En 2025, ce Mondial passera par Cowes avant, peut-être, de conquérir l’Amérique en 2026.

 

 

 

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